top of page
Rechercher

Permis d’être parent, vous avez dit ?

  • clairebaratte
  • 16 oct.
  • 3 min de lecture

ree

L’autre jour, j’ai vu passer la vidéo d’un influenceur qui disait avec beaucoup de passion dans la voix que selon lui, il ne faudrait pas laisser les gens avoir des enfants sans leur faire passer d’abord un « permis d’être parent » à l’instar du permis de conduire.


Son constat était celui-ci : tant d’enfants vivent des violences, des maltraitances, ou des carences dans leur enfance. Manque de présence, manque d’investissement des parents, manque de soins. Il y aurait comme une irresponsabilité collective à laisser des personnes donner naissance à des enfants qu’elles pourraient négliger et qui en conséquence, seraient potentiellement, les adultes violents et les agresseurs de demain.


D’une certaine façon, je comprends son indignation. Les chiffres sont éloquents : les enfants abusés, violentés, humiliés dans leur enfance courent fortement le risque à l’âge adulte  de reproduire ce qu’ils ont vécu plus tôt. Il y a un énorme travail de prévention et d’accompagnement de ces enfants et de leur famille, à commencer par la reconnaissance de leur statut de victime.


Mais ne mélangeons pas tout.


Est-on jamais prêt à devenir parent ?


Souvent, et je l’observe dans mes consultations, ce sont ceux qui pensent s’être le plus préparés à la paternité et à la maternité qui la prennent de plein fouet à la naissance de leur premier bébé, ou parfois aussi, de leur deuxième. Ils ont tout lu, tout écouté, tout anticipé matériellement et intellectuellement, mais rien ne les a préparés à la rencontre bouleversante et déconcertante d’un petit être inconnu dont ils peinent à comprendre les besoins élémentaires.


Etre parent n’a rien d’un statut figé comme l’est celui du détenteur d’un permis de conduire : le code de la route reste à peu près constant, les véhicules changent peu, les examinateurs se fient à une grille d’évaluation identique pour tous.


Mais un enfant évolue en permanence : être parent d’un nouveau-né dont on cherche à décrypter les pleurs n’a rien à voir avec être parent d’un enfant de 2 ou 3 ans qui découvre l’autonomie, qui s’affirme, qui vit des moments d’intense frustration qu’il faut accompagner. Cela n’a encore rien à voir avec être parent d’un adolescent en plein bouleversement hormonal, qui cherche de nouveaux repères, qui vient nous bousculer sur nos valeurs, nos croyances, nos limites.


Etre parent, c’est évolutif. C’est un rôle qui se vit d’une façon propre à chacun en fonction de qui nous sommes, de quelle est notre propre histoire, et surtout de qui sont nos enfants et de quels sont leurs besoins. Cela, aucun critère objectif ne pourrait le déterminer.


Personne n’est en capacité complète d’être parent avant de le devenir, puisqu’on apprend à être parent au contact de nos enfants. Tous les parents tâtonnent, s’inquiètent, essayent, reviennent en arrière, font des erreurs. Non pas pour briser leurs enfants, mais au contraire pour les élever et les aider à grandir. Quel adulte d’aujourd’hui, lorsqu’il regarde en arrière, peut affirmer que ses parents n’ont pas fait d’erreur avec lui ?


Et pourtant, nous sommes les adultes debout d’aujourd’hui.


Ayons confiance dans nos enfants pour nous montrer le chemin. Mettons-nous à leur écoute, à leur niveau, ayons à cœur d’être les meilleurs parents possibles avec toutes nos imperfections et toutes nos blessures.


Et surtout, ayons confiance dans la force de vie de nos enfants, dans leur aptitude à grandir, à rebondir, à chercher le bonheur, quoiqu’ils aient vécu de douloureux ou de tragique. Ayons confiance en cette capacité extraordinaire de résilience qu’a si bien décrite Boris Cyrulnik*, et continuons de soutenir et d’accompagner tous les parents dans leur difficile mission d’éducateurs.


*Neuropsychiatre et psychanalyste reconnu, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la théorie de l'attachement et a développé le concept de résilience.

 
 
 

Commentaires


bottom of page