Couple: où en sommes-nous de la tendresse?
- clairebaratte
- 7 oct.
- 3 min de lecture

Hier, je recevais un couple que j’accompagne depuis un moment et nous avons parlé de la tendresse. Comme nous avions eu l’occasion de parler de ce sujet plusieurs mois avant, je leur ai demandé s’ils étaient satisfaits des moments de tendresse qu’ils vivaient dans leur couple en dehors de la sexualité.
De façon plutôt touchante, ils se sont regardés et ont reconnu que, même s’il y avait beaucoup plus de gestes de tendresse aujourd’hui dans leur couple, ils se sentaient tout de même insatisfaits tous les deux.
Isabelle* m’explique : « souvent, quand je passe près de lui, quand nous nous croisons, je pose la main sur son épaule, ou je lui caresse le bras…Je vois bien que c’est un geste qui lui plaît, car il ne le repousse pas, pour autant, il ne fait rien en retour, il reste absorbé sur ce qu’il fait ».
Clément répond : « c’est comme moi, je trouve qu’il y a plein de petits gestes spontanés dans la journée des deux côtés, mais parfois, j’amorce quelque chose, et je ne sens pas de répondant de son côté, donc je suis un peu dépité, et je passe à autre chose ».
Ils prennent conscience qu’ils vivent la même chose ! Malgré un climat favorable à la tendresse, ils ressentent de la frustration de ne pas se sentir leur besoin de tendresse reconnu.
Pourquoi ?
Parce qu’il existe deux types de gestes de tendresse : il y a les gestes gratuits, ceux que l’on donne par plaisir, par amour, par attention à l’autre. Une façon toute simple de lui dire par notre attitude, « j’ai vu que tu étais là », « tu comptes pour moi », « merci de ta présence», « je t’aime ». Ces gestes là sont des dons, ils n’attendent pas de retour.
On peut poser la main sur l’épaule de sa femme qui est absorbée par un dossier, sans attendre d’elle qu’elle s’interrompe et referme son écran. On peut embrasser son mari qui bricole avec un enfant sans espérer qu’il arrête tout pour nous prendre dans ses bras.
Pour autant, ces gestes ont de la valeur, parce qu’ils ont été posés librement, et parce qu’ils sont porteurs d’une signification, d’une attention à l’autre. Ils font partie intégrante du langage amoureux du couple.
Et il y a l’autre type de gestes de tendresse, ceux qui sont donnés dans l’espoir d’en recevoir de semblables en retour. Ce ne sont pas des gestes donnés gratuitement, mais des gestes qui parlent de la maladresse de l’expression de nos besoins. Par exemple, je ressens que j’ai besoin d’être réconfortée, consolée, caressée ou prise dans les bras, alors je me tourne vers mon conjoint, et j’amorce un geste de tendresse envers lui, en espérant qu’il comprendra, et qu’il fera ce que j’attends de lui. Or, cela peut tomber à plat, comme l’expérimentent Clément et Isabelle, parce que l’autre est absorbé, peu disponible à ce moment-là, qu’il pense à autre chose, et n’a pas repéré que derrière ma tentative, il y a une demande non formulée !
Il en découle ces petits malentendus du quotidien, pas très agréables, qui peuvent nourrir le sentiment de n’être pas assez aimé, de ne pas assez compter pour l’autre.
N'oublions pas que nous sommes les premiers responsables de nos besoins, et que c’est à nous de les exprimer pour les rendre intelligibles à l’autre.
Osons formuler ces besoins ! Osons éprouver la vulnérabilité de dire « j’aimerais que tu me prennes dans les bras », osons demander. Cela implique aussi de courir le risque que l’autre ne réponde immédiatement à ma demande, ou choisisse d'y accéder d'une autre façon. Respectons -nous assez sa liberté pour ne pas l'y contraindre, pour ne pas lui en vouloir?
Qu’elle soit spontanée, demandée, offerte, ou partagée, la tendresse viendra toujours nourrir profondément notre lien conjugal, et entretenir notre connexion l’un à l’autre.
* les prénoms et les situations ont été modifiés pour préserver la confidentialité des entretiens garantie aux personnes que j'accueille dans le cadre professionnel.



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