Le prince charmant n'existe pas
- clairebaratte
- 16 juin
- 3 min de lecture

Prenons garde au piège de l'idéalisation!
« S’il m’aimait, il devrait savoir que je rêve d’avoir un bouquet de fleurs de temps en temps. Mais non, je n’ai jamais droit à rien ».
« Ma femme a eu une grossesse très compliquée, elle avait tout le temps des soucis de santé. Et je ne parle pas de la naissance du bébé. Elle était toujours crevée après ça. Pour moi, c’était simple d’avoir un bébé, les femmes que je voyais avaient des grossesses faciles, elles étaient en forme quinze jours après et faisaient tout comme avant ! J’ai complètement déchanté. »
« Je rêve de vivre plus de cœur à cœur avec mon conjoint. Mais il semble toujours fuir ce genre de moments, il n’aime pas parler de lui, de ce qu’il ressent. Je me sens tellement déçue ».
Ces phrases entendues ici et là en entretien, bien que tirées de leur contexte, nous parlent de fausses croyances, d’idéalisation et de désillusion.
L’homme parfait, beau, soigné, attentionné, toujours à l’écoute de sa femme, disponible à chacun de ses désirs n’est qu’un rêve. Le prince charmant des contes de fées n’existe pas. Pas plus que la jeune et fraîche Blanche-Neige, vêtue de sa jolie robe et heureuse de récurer sa maison en chantant.
Au sein d’un couple, il n’existe que deux humains, par essence imparfaits, mais ayant choisi de vivre ensemble par amour, animés du désir de faire du mieux possible.
La phase d’idéalisation est presque un passage obligé de la vie de couple. Mais il faut la vivre dans le but de la dépasser, d'aller plus loin dans la construction d’un amour plus mature, réaliste et incarné dans la vraie vie.
Quand on se rencontre, tous les amoureux s’en souviennent, on ne vit que par et pour l’autre. Le corps et le cœur sont en ébullition. Toutes nos pensées tendent vers l’autre, son absence nous manque cruellement, nous sommes parfois déconcentrés dans des actions banales du quotidien car son image est sans cesse présente à notre esprit. Nous le lui voyons que des qualités, et ses défauts sont invisibles, ou alors considérés comme minimes ou attendrissants. Pendant cette période d’idéalisation, nous projetons inconsciemment sur l’autre la personne idéale que nous aimerions qu’il soit : il est notre prince charmant, elle est notre princesse.
Vient ensuite la période de désillusion. C’est une période inconfortable, pendant laquelle nous connaissons des moments de déception ou de doute, car nous prenons conscience que notre amoureux(se) n’est pas parfait. Parfois, on entend « il/elle a changé », « il/elle m’a fait croire que… ». La plupart du temps (je ne parle pas des conjoints manipulateurs ou pervers), ce n’est rien de tout ça. Ce n’est pas l’autre qui a changé, c’est simplement mon regard, qui avec le temps et l’habitude, a changé. Je cesse de projeter sur l’autre toutes les qualités que je lui prêtais, et je le vois dans sa simple humanité. Un homme, une femme avec des défauts, des petites habitudes inavouables, qui oublie de répondre à mes messages, qui s’est de nouveau laissé happer par son travail…
Il y a un vrai travail personnel à faire pour cesser d’idéaliser l’autre.
Cela passe d’abord par se défaire des rêves ou des fantasmes qui nous animent tels que celui du « père parfait pour mes enfants », ou de « la femme qui coche toutes les cases ». Ensuite, abandonner un certain nombre de fausses croyances qui nous emprisonnent dans des schémas idéalisés de la vie de couple, comme celles que j’évoquais plus haut. Non, un homme n'est pas censé deviner tous nos désirs simplement parce qu’il nous aime. Non, un cadeau n’a pas moins de valeur parce qu’il a été suggéré. Non, les femmes n’accouchent pas comme une lettre à la Poste, et la nouvelle mère ne sera plus jamais la même femme que celle d’avant. Non, les hommes ne voient pas forcément ce dont il s’agit quand leur femme réclame plus de partage, plus de moments de cœur à cœur.
Enfin, cela nécessite de comprendre que l’amour se nourrit d’intérêt quotidien pour des petites choses. Raconter sa journée à l’autre, écouter la sienne, rire de nos maladresses, partager mille petites habitudes insignifiantes, s’intéresser aux passions de l’autre (même si elles ne nous passionnent pas), l’accompagner, l’épauler, l’admirer dans ce qu’il/elle fait et le lui faire savoir, c’est cela qui créé une véritable connexion intellectuelle et émotionnelle entre les conjoints et qui nourrit le désir de se retrouver. Et cela se cultive au quotidien. Apprenons donc à aimer l’autre pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’on aimerait qu’il soit.
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