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Quand le désir d'un dernier enfant n'est pas partagé dans le couple

clairebaratte

Dernière mise à jour : 24 janv.




Ils sont nombreux, ces couples où se pose la question du dernier bébé.


Il y a l’écart entre ce que l’on avait imaginé au début de note vie de couple, et même avant, quand on se projetait dans un futur lointain, et puis l’épreuve de la réalité.

Difficultés à concevoir un bébé, fatigue, charge mentale et laborieuse conciliation de la tâche parentale et éducative avec la poursuite de deux activités professionnelles…Autant de motifs qui peuvent pousser un couple à revoir ses ambitions à la baisse.


Et pourtant, s’accorder sur le fait de ne pas « faire le petit dernier » n’est pas si facile qu’il y paraît.


« Finalement, on s’arrêtera à deux » me dit en entretien Marion* avec résignation. Mais qui est ce « on » ? En la questionnant, je la découvre très ambivalente sur ce choix de couple. A la naissance de leur deuxième fils, son conjoint a déclaré qu’il ne voulait plus d’enfants, ce qu’elle n’a pas pris au sérieux à l’époque. Par la suite, ses tentatives pour évoquer l’arrêt de sa contraception et l’envie d’un troisième, se heurtent à un mur, voire génèrent de l’agressivité chez Matthieu. Elle n’ose plus en reparler, tant elle sent que le sujet est conflictuel. Les années passent, elle ne supporte plus l’annonce de la grossesse de ses plus proches amies. Elle est frustrée, amère, elle tourne en rond sur ce deuil de la maternité impossible à faire car impossible à dire.

Matthieu ne comprend plus sa conjointe, son humeur maussade et ses accès de tristesse. L’ambiance dans leur couple est très tendue. Il accepte de venir en consultation avec elle.


Le travail de conseil conjugal va permettre d’abord de dire l’un et l’autre ce qu’ils vivent dans leur couple en ce moment. Matthieu découvre avec effarement que Marion lui en veut énormément d’avoir fermé la porte sur ce sujet. Il n’avait absolument pas conscience de l’intensité de ce désir d’un dernier enfant, que sa conjointe n’avait jamais formulé clairement.

L'accompagnement va permettre de se défocaliser de la question de cet enfant fantasmé par Marion, pour nous intéresser à leur couple. Quelles sont les motivations et les peurs de chacun par rapport à l’arrivée d’un dernier bébé ? Marion pourra partager l’importance du schéma familial qu’elle a vécue dans une famille de trois filles où elle était très heureuse. Il est difficile pour elle de se projeter sur un autre modèle de famille moins nombreuse. Matthieu va reconnaître qu’il redoute la charge financière d’un troisième enfant et qu’il a peur de ne pas être à la hauteur professionnellement, lui qui travaille dans un secteur d’activité très tendu.

Par ailleurs, nous allons réfléchir ensemble aux besoins et aspirations de chacun que l’arrivée d’un dernier enfant pourrait venir impacter. Cela mettra en lumière, notamment, que Marion n’a pas profité de ses deux premiers bébés comme elle le souhaitait, contrainte de reprendre le travail dès la fin de son congé maternité. Elle a un immense besoin de réparation par rapport à ces deux enfants qu’elle croit avoir négligés, et pense qu’avoir un troisième bébé lui permettrait, cette fois, d’être une meilleure mère. Nous allons pouvoir travailler cela ensemble. Matthieu va nommer son besoin de prendre du temps de qualité avec chacun de ses enfants, tout en gardant de la place pour son sport favori, lui qui a vu son père s’épuiser au travail sans jamais prendre de temps ni pour lui, ni pour ses fils.


La colère, la frustration et les malentendus ont été dissipés. Le sujet tabou n’en était plus un lorsqu’ils ont mis fin à l’accompagnement. Et ce dernier bébé, l’ont-ils eu finalement ? Je ne l’ai jamais su, mais je leur fais confiance pour avoir fait le bon choix ensemble !


* les prénoms et les situations ont été modifiés pour préserver la confidentialité des entretiens garantie aux personnes que j'accueille dans le cadre professionnel.

 

 

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