Ce que nous voulons vivre à Noël

Le mois de décembre est arrivé et les conversations vont bon train autour de Noël et son cortège de festivités.

Pour certains, cette période est synonyme de réjouissances et de retrouvailles chaleureuses, pour d’autres, elles riment avec appréhension, angoisse ou solitude.

Dans mon cabinet, ce sujet ne manque pas d’être évoqué.

Je pense à Anaïk* et Adrien. Le couple s’est brouillé l’an dernier avec la sœur d’Adrien, qui n’a pas été correcte avec eux. Pour la première fois, le couple a osé poser des limites et pris ses distances. Adrien a eu à cœur de refaire un pas vers sa sœur cet automne, car il est très attaché à elle. Pour Anaïk, c’est impossible pour le moment, car la blessure est encore trop vive. Mais les retrouvailles familiales de Noël approchent, et Adrien met une énorme pression à sa femme pour qu’elle initie également cette démarche de rapprochement. Toute la famille sera en effet rassemblée chez le père d’Adrien le 24 décembre et il "faut que ça se passe bien". Or Anaïk me déclare qu’elle n’est pas « prête à ramper devant sa belle-sœur » qui l’a fait beaucoup souffrir. La dispute s’est déplacée sur le terrain conjugal. Les deux conjoints appréhendent énormément le dîner de Noël, pourtant incontournable.

Je pense également à David*. Je l’accompagne depuis plusieurs séances au sujet de son douloureux célibat. Noël est cette fête qui, en revenant immuablement chaque année, invite aux souvenirs des Noëls passés, et appelle à une certaine introspection. Elle permet de mesurer le changement dans nos vies, ou au contraire la permanence de certains éléments. David me confie : « encore un Noël célibataire. Heureusement qu’il reste mon père et sa compagne, je vais les rejoindre pour la soirée, on fera une bonne flambée, c’est déjà ça. Mais vous savez, c’est très dur d’être seul, ça fait peur la solitude. Moi je suis passé à côté de cette chance d’avoir une femme et des enfants, et je me retrouve comme ça, tout seul à 50 ans. Il faut le vivre pour savoir ce que c’est ».

Les fêtes de Noël et nos attentes par rapport à celles-ci révèlent beaucoup de choses au sujet de nos liens familiaux.

Retrouvailles avec les proches (et lesquels: famille, belle-famille, famille recomposée...), respect des traditions, rituels, menu, cadeaux, symbolique religieuse ou croyance au père Noël sont autant de sujets qui sont questionnés dans les familles à l’approche de ce temps de fête.

S’y mêle une forme d’injonction à la magie et à la joie, mêlée pour certains à l’appréhension de se retrouver dans un cadre familial qui ravive certaines blessures, y compris les plus intimes, ou au contraire, d’être isolés, séparés de ceux qu’ils aiment. Je pense notamment aux parents séparés qui vivront pour la première fois Noël sans leurs enfants. Ceci peut s’apparenter à une véritable épreuve.

Noël est aussi une fête chargée d’une forte dimension affective. Elle nous fait à la fois revivre des souvenirs d’enfance avec la nostalgie qui peut y être attachée, mais aussi cultiver une forme d’idéalisation, à la hauteur des attentes que nous nourrissons autour de cette fameuse nuit de Noël, censée apporter paix, joie et concorde au monde.

Que désirons-nous vivre lors de ces fêtes ?

De quelle liberté disposons-nous par rapport aux multiples traditions et rituels familiaux ?

Comment allons-nous pouvoir nous inscrire dans une continuité culturelle et familiale, tout en cultivant notre singularité propre et celle de notre couple?

Comment gérer le manque, l’absence, la tristesse et la solitude en ces périodes de rassemblements,  de réjouissances et d’abondance?

Autant de questions intéressantes à creuser pour soi et pour sa famille. Un conseiller conjugal et familial peut vous aider à y voir plus clair et à vous préparer à vivre Noël de façon plus sereine.

*les prénoms et les situations ont été modifiés pour préserver la confidentialité des entretiens garantie aux personnes que j'accueille dans le cadre professionnel