Maternité: reprendre confiance en soi
- clairebaratte
- 21 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 avr.

Une jeune maman, Olivia*, me disait récemment en entretien : « je me sens lourde, accablée par le poids des responsabilités. Je suis déchirée aussi, car quoique je fasse, ça ne sera jamais assez bien. Je m’interroge perpétuellement sur ce que je fais, et si je ne devrais pas faire autrement ».
Son conjoint, également épuisé, cherche au mieux à se rendre utile, mais il est désarmé par le manque de confiance en elle de sa femme, qui le fait douter lui aussi. Faut-il coucher le petit à telle ou telle heure ? Comment savoir s'il a assez mangé ? Pourquoi pleure-t-il encore? Risque-t-il de tomber malade s’il n'a pas été assez couvert pendant la promenade ?
Cédric et Olivia rêvent de s’octroyer une sortie en amoureux, mais leur famille est loin, et ils n’osent pas confier le bébé à une baby-sitter. Et s’il n’arrivait pas à s’endormir ? Et s’il pleurait énormément ? Et s’il se sentait abandonné par ses parents ?
Je constate dans mes entretiens, et autour de moi, que beaucoup de mamans doutent énormément. Notre époque a mis au jour beaucoup de nouvelles données scientifiques sur la grossesse, la maternité, le développement psychomoteur des enfants, l’évolution de leurs cerveaux, mais aussi de nouvelles connaissances sur leurs besoins. C’est une vraie richesse pour cette nouvelle génération de parents qui s’intéresse et qui se questionne.
Les jeunes mamans d’aujourd’hui n’ont plus envie de faire comme leurs mères, ou comme « on a toujours fait », parce qu’elles souhaitent être le plus attentives possible au bien-être de leurs enfants, et mieux les comprendre.
Olivia, qui a eu une enfance compliquée et s’est éloignée de sa mère à l’âge adulte, s’est impliquée à fond dans sa grossesse : lectures, podcasts, multiples cours de préparation auxquels s’est joint Cédric…Avant l’arrivée du bébé, ils savent. Ils sont confiants dans leurs connaissances et ont tout anticipé.
Et pourtant…La naissance du bébé les entraîne dans une véritable tourmente. Olivia est tétanisée par la peur de mal faire. Elle ne cesse de se remettre en question, elle pleure, elle ne sait plus. « Le savoir, c’est le pouvoir », comme aime le dire le slogan d’un célèbre podcast sur la maternité. Oui, mais trop de savoir étouffe aussi l’intuition des mères. L’intuition profonde, c’est cette connaissance spontanée, immédiate, de ce qui est bon pour notre enfant. Si nous sommes trop à l’écoute de notre cerveau et de toutes les connaissances théoriques que nous y avons empilées, nous nous privons de cette intuition qui pousse les mères depuis les origines à savoir s’occuper – et bien s’occuper – de leurs petits. Et c’est alors que les mamans perdent confiance en elle.
Etre mère, c’est pourtant dans nos gènes. Les femmes ont toujours su mettre au monde et prendre soin de leurs bébés. La maternité demande confiance et abandon. Se reconnecter à son instinct, se mettre à l’écoute de son enfant et accepter de suivre sa propre voie, d’essayer, de tâtonner, et de trouver la façon d’être une mère non pas parfaite, mais « suffisamment bonne », comme l’a théorisé le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott.
Il s’agit aussi de ne pas rester seule. S’entourer des bonnes personnes (son conjoint, mais pas seulement), oser demander de l’aide, et être à l’écoute de sa propre vulnérabilité. Accepter, éventuellement, de prendre rendez-vous avec un médecin, un psychologue, un conseiller conjugal et familial si l’on se sent trop fragile, pour prendre soin de soi et de son couple, socle si précieux de la famille.
* les prénoms et les situations ont été modifiés pour préserver la confidentialité des entretiens garantie aux personnes que j'accueille dans le cadre professionnel.
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